Hommage au Roi Père
Lundi matin j’ai pu aller rendre un dernier hommage à Norodom Sihanouk. PPA avait organisé une délégation pour se rendre au Palais Royal. Si on veut se recueillir auprès du Roi Père il faut en faire la demande pour un groupe (les demandes individuelles ne sont pas acceptées visiblement) auprès du ministère des cultes qui la transmet au responsable de cérémonie du Palais Royal qui donne, ou non, son accord ainsi que le jour et l’heure pour s’y rendre (tout ca m’a été expliqué par ma voisine cambodgienne). Mais apparemment PPA est directement passé par le chef du protocole, ça marche aussi donc.
J’y vais, j’y vais pas ? Après réflexion, je me suis dit que c’était dommage de ne pas vivre un tel moment. Je me suis donc inscrite et me voici devant le Palais Royal vêtue d’un chemisier blanc manches longues, d’une jupe noire au dessous du genou et d’un ruban noir et blanc sur le cœur, uniforme de deuil obligatoire pour entrer. Nous avons peu attendu, le temps de passer sous un portique identique à ceux des aéroports, de marcher un peu dans les jardins pour accéder à un endroit fermé habituellement au public, et nous voici devant les marches d’une salle située derrière la salle du trône. Après avoir ôté nos chaussures, dernières recommandations de nos amies Cambodgiennes francophones pour ne pas faire d’impairs. On monte les marches pour accéder à une petite salle, blanches, rideaux blancs et noirs, fleurs blanches, musique douce. Nous nous inclinons les mains jointes devant le visage à hauteur du nez, nous nous asseyons quelques instants, puis chacun notre tour nous nous inclinons devant le cercueil du Roi avant de présenter nos condoléances à son fils aîné qui le veillait. Cela fait une drôle d’impression de se dire que nous sommes en plein cœur du Palais Royal et de voir ce que j’avais vu en boucle à la télé.
Aujourd’hui tout est plus calme bien sûr, les délégations importantes, gouvernements, ministres, personnalités sont déjà venus, nous n’avons pas droit à la haie de musiciens/militaires (m’a-t-on dit) du Palais Royal pour nous accompagner jusqu’à la dépouille du Roi mais cela reste impressionnant. Nous avons croisé d’autres délégations, des Cambodgiens, peut-être des provinces environnantes, beaucoup de monde vient encore mais ce ne sont plus les délégations officielles et importantes du début. Je sais qu’il y a encore deux fois pas jour, matin et après midi, une cérémonie bouddhique avec prière pour les morts chantées par les moines mais nous n’avons rien vu. Peut-être ces cérémonies restent réservées à la famille.
Petite vidéo devant le Palais, si on oublie le vent on peut entendre les chants...
Plus de 3 mois depuis sa mort et la crémation est prévue le 4 février devant le Musée National. Des ouvriers sont en train de construire un édifice incroyable pour l’occasion. Il paraît qu’il reprend les principes brahmaniques avec la représentation du Mont Mérou (le Mont ou résident les Dieux hindouistes) en son milieu. Le point le plus haut de l’édifice devrait être de 36 mètres ! Avant cette cérémonie la dépouille du roi prendra place dans un cortège pour défiler dans toute la ville le 1 er février, et même s’arrêter au Monument de l’Indépendance, Sihanouk est considéré comme le père de l’indépendance du pays. Je n’ai pas pu être là pour son retour de Chine mais je serai devant chez moi pour son dernier adieu à la Nation, encore un moment historique pour ce pays.
